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En relisant les éléments de cette étude sur les Liberty-Ships
français, ,je me rends compte que je suis loin d'avoir atteint
l'objectif que je m'étais fixé. En particulier l'historique
de quelques navires est particulièrement succinct. Ce n'est pourtant
pas faute d'avoir rédigé des dizaines de lettres, publié
des annonces dans la presse, lancé des appels dans des revues,
passé un nombre fou d'heures au téléphone. Que l'ensemble
des membres de l'Association Amicale des Capitaines au Long Cours français
soit remercié : sans les Capitaines, ce livre n'eut jamais été
édité, aussi imparfait ou incomplet soit-il. (…)
Cependant, je reste convaincu que ce travail très modeste était
à faire. Il eut été purement indigeste si quelques
amis n'avaient accepté de raconter des souvenirs de leur navigation.
Chaque navire est un petit état ; du temps des Liberty c'était
souvent un état monarchique… où le Capitaine (le Vieux
ou le Pacha ou le Tonton selon son équipage) régnait réellement.
Certains officiers de ma génération quittèrent vite
le métier, écoeurés de la tyrannie incompréhensible
de leur Commandant alors qu'Enseignes de Vaisseau, ils avaient eux-mêmes
commandé en Indochine ou en Algérie... Mais, c'est une autre
histoire... Mais aussi, très nombreux sommes-nous encore à
vénérer ceux qui, dans les conditions pittoresques de l'après-guerre,
nous enseignèrent la navigation, en particulier sur les Liberty-Ships
où à part gyro et gonio, il n'y avait guère d'instruments.
Au moment où notre Marine Marchande est au plus mal — il
nous reste à peine deux cents navires — il était bon
de donner aussi la parole à nos grands anciens et de réfléchir,
à la lumière de leur sagesse, à tout ce. que nous
leur devons. » J. Messiaen |