Mais quelle
est l'histoire de cette réplique du dernier bateau de Surcouf ?
C'est en 1988 que naquit l'Association
du Cotre Corsaire dont le but était de concevoir un
bateau à la hauteur du passé corsaire de Saint-Malo. Après
réflexion, leur choix se fixa sur le RENARD, dernier bateau armé
par Robert Surcouf en 1812. La construction débuta en mai 1989
et le bateau fut mis à l'eau le 18 mai 1991. Elle fut
réalisée dans le célèbre Chantier
Labbé qui ne sortit pas moins de 250 bateaux en une
cinquantaine d'années. Le créateur de ce chantier, le charpentier
de marine Raymond Labbé, qui s'est éteint fin 2005, était
Conseiller technique pour les vieux gréements auprès du
ministère de la Culture. Il fut le maître-d'œuvre non seulement
de la réplique du Renard mais aussi de celle de la Bisquine de Cancale. |
18
mai 1991 : le Renard est lancé depuis la cale de Dinan, à
Saint-Malo
après
des milliers d'heures de travail et un investissement d'environ 760 000 €
(dont une grande partie prise en charge par la Ville) |
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Longueur
Longueur au pont
Largeur
Tirant d'eau arrière
Déplacement
Surface de voilure |
19 m
17,35 m
5,78 m
2,78 m
44,5 t
249 m2 |
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Gaillard d'avant
et beaupré -
Dunette et barre
franche
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Et Robert Surcouf, dans tout cela ? Né à Saint-Malo le 12 décembre
1773, il appartenait à une famille d'armateurs et comptait parmi ses
ascendants des capitaines de corsaires du temps de Louis XIV (il était
d'ailleurs apparenté à Dugay-Trouin par sa mère). Ses
parents le destinaient à la prêtrise... il sera corsaire, l'un
des derniers d'ailleurs (c'est en effet un autre malouin, Chateaubriand, alors
Ministre des Affaires étrangères, qui met fin en 1814 aux "lettres
de course", loi qui ne sera toutefois appliquée qu'à partir
de 1856 ! |
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Embarqué le 3 mars 1789 sur l'AURORE... qui se perdit au retour des
Indes sur la côte du Mozambique; il débuta donc sa vie maritime
par un naufrage ! En fait, embarqué comme mousse à 15 ans
(certains textes disent 13), second capitaine à 17 ans et capitaine
à 20 ans, il commanda le CRÉOLE, puis l'ÉMILIE (1795),
le TRITON et la CLARISSE. Vers le milieu 1800, il se rendit célèbre
sur toutes les mers après avoir capturé un vaisseau anglais
de la Compagnie des Indes, le KENT, armé de 38 canons de gros calibre
alors que son brick, LA CONFIANCE, n'en comptait que 18 (ou 20, selon les
archives ?).
Durant ses quelques années de guerre de course, il ne fut jamais capturé
ni blessé. |
A partir de cette
date (il a 28 ans), il rentra à St-Malo, y fonda famille (il
n'eut que des filles) et devint un riche armateur. Il sera d'ailleurs l'un
des premiers décorés de la Légion d'Honneur ! Il conserve
néanmoins le goût de la course et c'est ainsi qu'il se fit
construire en 1812 un petit cotre de 70 tx... le RENARD avec lequel
il coula, en 1813, la navire anglais ALPHEA (illustration ci-dessus).
Il mourut... dans son lit (de maladie), dans sa ville natale le 8 juillet
1827. |
Nota : contrairement aux "pirates", souvent sans foi ni loi, et qui agissaient
pour leur propre compte, les "corsaires" munis de "lettres
de marque" ou "commission d'armement en course" agissaient
pour leur pays. De Louis XIV à Napoléon 1er, les
corsaires constituaient une véritable force d'appoint à la Marine
nationale. Comme dit en préambule, les guerres maritimes, à
cette époque, ne consistaient pas seulement à détruire
les forces navales de l'ennemi, mais aussi à le ruiner en affaiblissant
son commerce et son industrie. Et là, les corsaires, malouins en particulier,
excellaient ! |
Serge
LUCAS — Le Renard, cotre corsaire de Saint-Malo.
Chasse-marée N° 74 (nombreux schémas, plans
et photos durant la construction de 1989-1991)
Robert
SURCOUF — Un capitaine corsaire, Robert Surcouf.
La Découvrance Editions, 1997, ISBN 2-910452-64-6 (ouvrage
écrit par l'ancien Sous-Préfet Robert Surcouf, un descendant
du frère (Nicolas Surcouf) du célèbre corsaire
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Mes remerciements
à Françoise Hilaire, Service de Presse de la Mairie de Saint-Malo,
et à Jean-Claude Weisz, directeur de l’Office du Tourisme de
Saint-Malo, pour m'avoir laissé libre accès au Renard |
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